Prendre un café, un thé, un verre ?
Essayer une recette, préparer des moules, des crevettes,
des coquilles Saint-Jacques, du poisson ?
Or cette petite colonie de pêcheurs que nous voyons apparaître à l'horizon des siècles passés se développa peu à peu en même temps qu'elle essaya d'étendre ses ramifications au dehors de
son centre habituel. Ce besoin que nous éprouvons d'accroître notre bien-être dut également se faire sentir chez nos ancêtres comme chez nous, peut-être avec moins d'ardeur, toujours est-il que l'instinct naturel de nos pères les dirigea, à n'en pas douter, vers un avenir meilleur et que ce désir dut nécessairement les amener à fonder un établissement fixe et en rapport avec les besoins de la colonie naissante.
Cette disposition d'esprit du peuple Gaulois leur fit songer à une deuxième catégorie de marins, et celle-ci devait être exclusivement commerçante.
A cette époque, les naturels des îles Britannique vendaient du cuivre, de l'étain, des chiens de chasse, des peaux de bêtes et aussi des esclaves. Les Armoricains de nos contrées songèrent donc à visiter ces peuplades. Et bientôt montés sur de longues barques en bois de chêne, les pêcheurs Gaulois, devenus long-courriers, voguèrent vers ces îles, portant à leurs habitants e les salaisons préparées sur les bords de la Seine. » échangeant ces productions contre des peaux amincies, apprêtées pour la navigation, et dont nos pecheurs Gaulois se servaient déjà pour confectionner les voiles de leurs petites barques.
Par suite de ces premiers échanges il s'établit des relations suivies avec tout le littoral Britannique. L'appât du gain séduisit bon nombre de navigateurs. Et ceux-ci, pour étendre leur commerce et augmenter leur fortune, songèrent à développer le goût du métier parmi les peuplades Armoricaines.
Les marins de nos contrées acceptèrent de grand cœur l'invitation de leurs devanciers et chacun rivalisa de zèle : ce fut comme un branle-bas général. Les préparatifs se succédèrent sans interruption, et la flottille des bords de la Seine sillonna la Manche de tous côtés, laissant sur son passage des traces constatant le génie industrieux et commercial de ceux qui la montaient.
D'ailleurs la magnifique vallée au pied de laquelle nos marins avaient construit leurs petites cabanes convenait admirablement pour favoriser cet élan nautique : la position de ses rives baignées par la mer et un grand fleuve, l'élévation de ses collines, formant un solide rempart contre la violence des vents déchaînés de l'Océan, le voisinage de l'immense forêt de Touques, qui permettait de se procurer, à peu de frais, le bois nécessaire aux constructions navales, tout enfin semblait indiquer cet emplacement pour y fonder une cité maritime. Ces considérations déterminèrent, sans doute, la petite colonie de pêcheurs à choisir ce lieu pour s'y fixer d'une façon définitive.
Déjà quelques tentes avaient été construites. Nos Armoricains se mirent de nouveau à l'œuvre : de nouvelles cabanes s'élevèrent. Bientôt ce fut comme une petite cité qui, eu égard à sa position, donnait déjà les plus grandes espérances.
Cette ville à peine sortie de l'enfance reçut un nom. Quel fut ce nom ? Nous le dirons plus loin.
Depuis lors que se passa-t-il? quels faits principaux pourrions nous signaler? A ce sujet encore, l'histoire garde le silence. Ce que nous savons néanmoins, c'est qu'il y a 1,900 ans environ, Jules César vint camper aux abords de nos contrées à la tête d'une armée formidable. C'est qu'il cueillit non loin de nous les lauriers de la victoire. Mais poussa-t-il sa marche triomphale jusque sur notre territoire? Il est tout probable que non. Du moins c'est ainsi que pensent la plupart dos historiens que nous avons consultés.
Ce que nous savons encore de ces temps anciens, c'est que le Druidisme était en honneur dans les contrées que nous habitons. Le sang humain était versé sur les autels. Et comme les Druides recherchaient autant que possible les profondeurs solennelles des bois pour l'immolation de la victime que le sort avait désignée, il est tout naturel de penser que la sombre forêt dont nous avons déjà entretenu le lecteur, dut être témoin bien des fois de leurs sanglants sacrifices.
Mais bientôt naquit le Dieu si longtemps attendu! Ce fut le coup de mort du Druidisme.
Quelques temps encore il régna parmi nous ; mais les disciples du Christ vinrent bientôt annoncer l'Evangile à nos ancêtres. Et tandis que l'Empire romain marchait à grands pas vers sa ruine; tandis que les barbares accouraient du fond des forcis de la Germanie, des côtes Scandinaves, des sommets du Caucase, prêts à se précipiter, comme les flots pressés d'une mer en tourmente, à la conquête de l'ancien monde, les peuples de nos contrées abjuraient leurs anciennes erreurs, et embrassaient avidement la doctrine du salut, la doctrine chrétienne".